LE MAUSOLÉE DE LA NATURE

2023

Dispositif sensoriel

Au coeur du « mausolée de la nature » repose un autel érigé en hommage à la force originelle du vivant. Face à la mort, confronté au sens de la vie, à l’essence même de l’existence, chacun.e peut s’y recueillir.

Ce dispositif est une chambre obscure de 50 m3, perçée d’une lumière, qui sollicite les sens et leur mémoire, et questionne les héritages qui ont façonné notre imaginaire rattaché au feu et nos relations au vivant.

Quand on pénètre à l’intérieur, l’obscurité assourdit, la terre déstabilise le pas, le silence s’impose, les murs sont noirs charbon, le plafond est nuageux, l’air est chargé d’une épaisse odeur de fumée. Ce caveau à ciel ouvert évoque la réalité dramatique du feu destructeur.

Des billots de bois calcinés, aux écailles noires argentées, provenant d’un arbre brulé par un incendie de forêt, fondent l’autel avec force et grandeur. Orné de sympoliques, coloré de végétaux, éclairé par le sacré, cet autel se dresse dans le sombre du tombeau, avec éclat. Le parfum organique de la terre et de la mousse enivre, et témoigne de la reprise du processus de vie, une résurrection révélant la puissance et la générosité du feu créateur, auxiliaire précieux de régénération des milieux.

C’est une invitation à considérer la nature comme milieu donateur qui rend la vie possible, à repenser une écologie intérieure et à rendre sa valeur au vivant. C’est un acte militant, à la recherche d’égards ajustés.

A la sortie du mausolée repose un îlot de bois calciné sur lequel est présenté un gland germé sous cloche et une pousse de chêne en terre, arbre sacré, symbole de vie, possédant un esprit très puissant de régénération. Un amas de graines de chêne encourage le spectateur à en sélectionner une pour la faire germer puis la planter. Il peut ainsi faire perdurer l’intention au delà de l’oeuvre, interroger son propre lien à la nature et rendre hommage aux dynamiques du vivant, en devenant acteur de la résurgence.

Potentiellement, 3500 arbres verront le jour.

1 tonne de terre, 1 pelleteuse, 1 camion benne, 16 brouettes, 13 billots de bois brûlés, 20 m2 de collage au plafond, 43 m2 de peinture noire x 3 couches, et plein de courbatures, 13 tirages en cadre, 30 bougies de différentes tailles, 2 statuettes, 2 crânes, 1 branchage sec, 4 branches brulées, 1 cèpe de vigne, 6 plumes, 1 bouture en vase, 1 fiole et son bouquet de fleurs séchées, 2 succulentes en pot, 8 pommes de pin, 2 kg de mousse vivante et 3500 glands.

J’ai conçu et réalisé ce projet à l’occasion de la 11 ème édition de LA GALERIE ÉPHÉMÈRE qui a eu lieu du 3 au 5 février 2023, sur le site naturel protégé des Salines à Villeneuve-lès-Maguelone, domaine du Conservatoire du littoral.

Cet événement est orchestré par Cahuate Milk, Aline Riou et Olivier Scher et porté par le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie, en partenariat avec Montpellier Méditerranée Métropole, la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, le CPIE Bassin de Thau et Sète Agglopôle Méditerranée.

Cette manifestation hybride, qui s’inscrit dans le cadre des journées mondiales des zones humides, a pour ambition de provoquer une rencontre art & nature. Elle accueille 16 artistes régionaux en résidence qui investissent chacun.e une pièce d’une ancienne maison de saunier, une galerie au bord des étangs, sur un site naturel au passé industriel, visitée par plus de 3500 visiteurs sur 3 jours.

Je remercie Mr Almeras et Mr Salles, du service Jardins et Espaces verts de la Ville de Montpellier, pour leur précieuse aide en me fournissant la terre et les billots de bois brulé. Merci à Logan pour le transport en camion benne, à Joséphine fleuriste pour les kg de mousse des Pyrénées et à Mme & Mr Soulairol pour les glands et les pommes de pins.

Merci aussi Mademoiselle a les Nerfs et Mounkat, bénévoles sur cette édition, qui m’ont aidé à préparer l’espace.

Je remercie très chaleureusement Tanguy, Aline et Olivier pour cette belle aventure humaine et artistique.